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ÉVOLUTION GEODYNAMIQUE
9 - REVUE DES DIFFÉRENTS MODÈLES EXISTANTS (c)

Il existe de nombreux points où nous sommes d’accord avec les auteurs mentionnés ci-après. Nous soulignons ici les points qui nous posent problème au vu de nos observations et de notre modèle. Nous mettons dans les paragraphes qui suivent en italique les points de vue des auteurs.

Modèle LOPRIENO (2001 & 2010)

Toute la série stratigraphique du secteur valaisan, du Carbonifère au sommet du Flysch est décrite en termes de dépôts pré-syn-post rift. Cette terminologie ne peut s’appliquer qu’aux environnements de dépôts de marge passive, en extension (250-110 Ma), et ne doit plus s’appliquer à partir du moment où les dépôts se forment dans un régime en fermeture/compression des marges océaniques alpines, à l’origine du dépôt des bassins flyschs crétacés (piémontais & valaisan) et tertiaires. Il est donc pour nous inexact d’employer le terme « post-rift » pour caractériser le dépôt de la trilogie valaisanne.

Pour Loprieno, à la faveur d’un grand repli pennique régional, les unités du Petit Saint Bernard et du Roc de l’Enfer se retrouve en position de dépôt au sein de la zone dauphinoise, au nord-ouest du valaisan, alors qu’elles s’encastrent actuellement sous le Briançonnais. Dans notre partie des Alpes occidentales les grands plis penniques décrits dans les Alpes suisses ne sont pas observés. Nous privilégions par nos observations de terrain des écaillages successifs par sous-charriages vers l’est des terrains dauphinois, valaisans, subbriançonnais et briançonnais. Nous reconnaissons par ailleurs une franche affinité briançonnaise externe (ou subbriançonnaise) pour ces 2 unités, et pas du tout dauphinoise.

Pour Loprieno, toutes les séquences se déposent en contexte d’extension. La trilogie valaisanne se dépose ainsi sur une transition continent-océan. Le granite de la Pointe Rousse est considéré comme un « extensional allochton ». L’auteur ouvre l’océan valaisan, mais à aucun moment il ne le referme, conservant dans son modèle une marge passive jusqu’au sommet de la trilogie (dépôts post-rifts). Il mentionne, pour le dépôt de l’Aroley, un environnement de « rift induced flank uplift »… Il passe donc de l’environnement rifting, en extension, directement à la collision alpine…

• Au contraire pour nous, au sein du secteur de Pointe Rousse la trilogie valaisanne vient reposer en discordance sur un prisme de subduction dans un contexte d’un océan valaisan complètement refermé. Le granite de Pointe Rousse et le Gabbro du Clapet au sein du schiste à blocs ne sont donc que des mégablocs-écailles au sein du prisme de subduction, et non pas, comme interprété par Loprieno, la base stratigraphique du complexe anté-flysch. • Dans ce contexte, pour nous, la Brèche du Grand Fond dans la Combe de la Neuva, un peu plus au sud-ouest, n’est pas une brèche jurassique « synrift » d’ouverture, mais un témoin d’effondrement local des reliefs du prisme de subduction à la base de la trilogie valaisanne.